Le président du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, a affirmé que son parti représente le véritable esprit du ‘14 mars 1989’ car il reste attaché aux principes de liberté, de souveraineté et d'indépendance, tandis que les autres ne sont qu'un ‘14 mars factice’, pour qui ces valeurs ne sont que des slogans.
Il a ajouté : « Nous continuons à honorer cette date jusqu’à aujourd’hui, tandis qu’eux demeurent absents, aujourd’hui comme demain. Nous sommes restés inébranlables, fidèles à nos principes, tandis qu’eux poursuivent toujours leurs intérêts. Nous resterons fermement engagés en faveur de la liberté, de la souveraineté et de l’indépendance. »
Les propos de Bassil ont été tenus lors du dîner annuel du CPL, organisé à l'hôtel Habtoor. L'événement s'est distingué par une large affluence, réunissant des personnalités diplomatiques, politiques, parlementaires et partisanes.
Bassil a souligné que « l’essence même du CPL repose sur la décision nationale libre, avant de devenir ce que nous sommes aujourd’hui, le Courant patriotique libre. C’est ainsi que nous avons commencé. Notre président est venu du cœur de l’État, du cœur de l’armée, et non des milices. Il est issu de la décision nationale, loin de toute influence extérieure, pour exprimer la volonté des Libanais de préserver l’indépendance de leur patrie. »
« Le monde entier s’est opposé à lui, jusqu’à son éviction en 1990 quand un avion syrien et un autre israélien ont survolé le palais de Baabda et la décision saoudienne, soutenue par celle des États-Unis, comme symbole d’entente a dominé le Parlement, tandis que la volonté libanaise est restée seule, en exil, » a-t-il ajouté.
« En 2005, tous les pays se sont alignés pour l’isoler soutenus par un accord interne. Ce fut la naissance des alliances quadripartites, quintipartites et sextipartites, tandis que la décision libanaise est restée seule dans sa patrie. Puis, le 17 octobre 2019, tout le monde s’est uni pour assiéger le président et l’évincer. Ils ont mené une révolution sous le slogan 'Kelloun Yeeni Kelloun' (tout le monde sans exception), mais leur attaque s’est concentrée uniquement sur le CPL, car c’est lui qui incarne la décision nationale libre. Cette décision a été isolée, attaquée avec de l'argent et des médias. En 2025, des consuls, des envoyés et des représentants sont venus au Liban imposant la décision extérieure aux Libanais. Tous se sont soumis, tandis que nous seuls avons résisté et sommes restés fermes. »
Bassil s'est tourné vers le président Aoun en disant : « Général, je suis immensément fier d'avoir agi en 2025 comme vous l’avez fait en 1988. Vous avez dit non à l'accord Murphy-Assad, et le CPL et moi avons dit non à l'accord des Cinq. Nous avons affirmé haut et fort que c’est à nous de choisir notre président, et que personne ne pourra jamais le faire à notre place. Notre décision est et restera nationale, libre et souveraine. »
Il a ajouté : « Nous resterons libres, maîtres de notre décision parceque notre choix vient de notre esprit, pas de notre poche. Et le plus important, c’est que, même si notre poche reste vide, nous resterons pleins de dignité. Tandis qu’eux vendront leur dignité aussitôt que leurs poches se vident. »
Bassil a qualifié les prochaines élections de ‘décisives’ et a expliqué que le CPL sera présent dans ces élections. Il a affirmé que, comme dans le passé, certains essaieront à nouveau de l’éliminer en 2026, mais qu’ils ne réussiront pas. Il a également annoncé le lancement du ‘Fonds électoral 2026’, appelant chacun à faire des dons selon ses moyens, tout en soulignant que l'essentiel était de préserver la liberté financière et décisionnelle du parti.
Sur La situation actuel du CPL, Bassil a précisé que « le parti a toujours été l'opposition à l'occupation syrienne et israélienne du Liban, que ce soit lorsque nous étions au sein de l’État et du gouvernement entre 1988 et 1990, ou lorsque nous étions hors de l’État entre 1990 et 2005, en raison de la tutelle syrienne et de l’occupation israélienne. Et aujourd'hui, nous restons l'opposition au système en place au Liban depuis notre retour dans l’État en 2005. »
Nous sommes restés dans l'opposition au système en place, même après notre entrée au gouvernement en 2008. Nous avons poursuivi cette opposition lorsque nous étions au pouvoir entre 2016 et 2022. Et depuis 2022, en dehors du gouvernement, nous n'avons pas changé de cap. Hier encore, nous étions contre ce système, et nous le resterons. Ainsi, nous continuerons notre combat.
Il a ajouté que le CPL a toujours été opposé au système, à ses politiques financières et économiques, à sa mauvaise gestion de l'État et à sa corruption. Il a précisé : « La seule différence, c'est que lorsque nous sommes entrés au gouvernement et au pouvoir, que nous avons retrouvé notre représentation et nos droits dans l'administration, au Parlement, au gouvernement et à la présidence, nous n'avions plus à revendiquer ce que nous avions récupéré pour notre communauté. Mais aujourd'hui, nous devons à nouveau réclamer nos droits, même si nous sommes seuls à le faire, car malheureusement, nous les avons de nouveau perdus. »
Bassil a affirmé que le CPL a toujours été dans l'opposition lorsqu'il s'agissait de défendre la souveraineté et la décision nationale, et qu'aujourd'hui, il s'oppose à la soumission et à l'asservissement.
« Nous sommes en faveur d'une paix juste qui garantit les droits, une paix des braves que l'on signe debout, une paix choisie en pleine conscience et qui protège les intérêts, et non une paix imposée que les lâches acceptent à genoux. Nous avons toujours été et restons l'opposition à la corruption, l'opposition à l'exode forcé, l'opposition au pillage et au détournement des fonds, l'opposition au désordre constitutionnel et institutionnel, l'opposition à la non-application de la Constitution et de la décentralisation élargie, l'opposition à toute atteinte à notre identité, notre entité, notre rôle, notre existence et notre dignité. Nous sommes l'opposition aux ingérences étrangères dans nos affaires, tout comme nous sommes opposés à toute ingérence de notre part dans les affaires des autres, » a-t-il poursuivi.
Évoquant les répercussions de ce qui se passe en Syrie, il s’est interrogé : « Comment pourrions-nous ne pas être affectés par ce qui se déroule à nos frontières ? Comment ne pas penser et pleurer pour ces gens terrifiés pour leur existence et leur vie, dont le seul ‘crime’ est leur appartenance religieuse ? Comment ne pas ressentir la douleur des innocents et des enfants qui se cachent sous les escaliers et sous les lits, attendant la balle qui viendra transpercer leur tête ? Comment ne pas se demander si c’est ainsi que se manifeste la démocratie et les droits de l’homme en Syrie ? Est-ce cela, ‘Que les Frères gouvernent’ ? Est-ce ainsi que se comportent les camarades ? »
Selon Bassil, « ce qui se passe en Syrie est une afghanisation du pays, et cela ne doit pas arriver au Levant. »
Il a affirmé que « L’islam est une religion de miséricorde, et nous y voyons des valeurs de fraternité et d’humanité, telles qu’elles ont été incarnées dans le document signé sous l’égide des Émirats arabes unis entre le Pape de Rome et le Cheikh d'Al-Azhar. C’est cet islam que nous comprenons, et c’est cette chrétienté que nous vivons. »
Il a ajouté que « l’excommunication de plusieurs confessions va à l’encontre de la diversité du Levant et représente une menace existentielle, non seulement pour les alaouites, les druzes, les chrétiens et les chiites, mais aussi pour les sunnites dans leur modération, leur ouverture et leur vision progressiste du développement et de la prospérité dans le monde arabe, selon le modèle que le prince Mohammed ben Salman met en avant et promeut. »
« Notre opposition s’élève contre tout ce qui menace notre existence, notre identité et contre le complot international visant à transformer notre entité, notre tissu social, notre identité et notre démocratie. C'est là le plus grand défi de la période à venir. Notre opposition a existé aussi bien en dehors de l'État, du gouvernement et du pouvoir qu’en leur sein. Nous n'avons jamais fait partie du système. Bien sûr, nous dialoguons avec lui et tentons de trouver des compromis pour faire avancer des projets au gouvernement et faire adopter des lois au Parlement, mais nous ne pouvons en aucun cas en être partie prenante, ni lui de nous. Et lorsque nous avons constaté que son mode de pensée commençait à s’infiltrer parmi certains de nos responsables et députés, nous les avons écartés de nos rangs, » a-t-il ajouté.
Bassil a affirmé que « l'opposition du CPL sera différente cette fois-ci, car elle intervient après 14 années de présence au gouvernement, de manière directe ou indirecte."
Il a ajouté : « Tout le monde verra ce qu'est une opposition positive, constructive et ciblée, et non une opposition négative, destructrice et chaotique. Nous montrerons comment saluer ce qui est bien, comment aider et construire aux côtés de ceux qui bâtissent, mais aussi comment assurer la reddition des comptes, exercer une surveillance rigoureuse et tenter d’arrêter tout ce qui nuit et détruit. »
« Nous conserverons la même approche positive. Nous ne détruirons rien, mais cette fois, nous ne porterons pas la responsabilité de ceux qui détruisent. Nous nous sommes battus pour assurer l’électricité, ils nous en ont empêchés et nous ont fait porter le blâme. Cette fois, si des destructions ont lieu, ce sera eux qui en porteront la responsabilité, pas nous. »
Bassil a déclaré qu’ « Aujourd'hui, nous ne sommes pas seulement le Courant patriotique libre, mais l'opposition nationale libre. Nous ne faisons pas partie de l'opposition, nous sommes l'opposition. Nous sommes l'opposition libanaise. »
« Ils sont tous réunis : ceux de la révolution et ceux qui s’y opposent, le système et ses détracteurs. Tous sont à l’intérieur du système, mais aucun ne peut se prétendre opposition. Cependant, ils trouveront sûrement un moyen de nous voler notre nom et notre identité. Rappelez-vous qu’à l’approche des élections, ils se déclareront opposition. Pour l’instant, ils sont tous ensemble. Nous leur souhaitons bonne chance, et restons ouverts à toute approche constructive. »
Bassil a conclu en s’adressant au président Michel Aoun : « Cela fait 20 ans que nous célébrons ce dîner après ton retour d'exil. 20 ans passés à tes côtés. Ton absence physique pendant six ans n'a jamais affecté notre engagement. Que Dieu pardonne à ceux qui ont fait subir tant de souffrances aux Libanais pendant ton mandat. Tu as accompli tant de choses dès la première année, mais ce qu’on avait accompli les dérangeait. Ils ont tout saboté après un an, puis détruit après deux. Mais rien ne pourra nous détruire, car c’est notre pays qui a été touché, pas nous. Nous avons beaucoup appris et continuons d'apprendre. L’essentiel, c’est de ne jamais abandonner, de ne jamais perdre espoir, tant que le Liban reste notre cause. Tu es notre école, et nous resterons la voix de la liberté nationale dans notre pays. »
« Plus le CPL est persécuté, plus il devient fort. Plus on tente de l'écarter, plus il se renforce. Plus les défis se dressent devant nous, plus notre foi en notre droit grandit, et plus nous nous accrochons à notre dignité, » a-t-il conclu.